Lituanie: Emigration et Erasmus, deux phénomènes en vogue

Lituanie: Emigration et Erasmus, deux phénomènes en vogue

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Professeur à l’université de Vilnius, Žilvinas Martinaitis voit tous ses élèves lui demander de passer les examens fin mai. Il sait qu’ils veulent se sauver au Royaume-Uni ou en Scandinavie pour travailler, et en octobre pour le début de l’année scolaire. Focus sur l’émigration lituanienne, vue et vécue par les étudiants, locaux et Erasmus, les professeurs et les hommes politiques du pays.

« Auparavant, les étudiants avaient l’habitude de finir leurs études et de commencer à travailler en Lituanie », explique Aneta Šerelytė, aujourd’hui diplômée.  La crise a changé cette habitude : désormais, les étudiants commencent à voyager pendant leurs études ». Que ce soit pour vivre de nouveaux défis, étudier ou échapper aux bas salaires et au chômage, les jeunes lituaniens sont de plus en plus nombreux à tenter leur coup en-dehors des frontières du jeune État balte. Un mouvement d’émigration bien senti, à l’heure où « le Tigre Balte » a rentré ses griffes avec un taux de chômage qui oscille autour des 15%.

Partir ou travailler gratuit

« Le problème a toujours existé, même à l’époque de ce que nous appelons “le bon vieux temps”» explique Žilvinas Martinaitis de l’Institut pour le management et les politiques publiques, qui travaille sur un rapport portant sur les tendance de l’émigration. Seul 20% de la population lituanienne est mondialisée, le reste est au contraire profondément enraciné dans le paysage local. Egle Bar est un jeune diplômé qui travaille comme volontaire dans une ONG. Beaucoup de ses camarades ont des emplois non rémunérés, une tactique pour utiliser astucieusement son temps pendant cette période de difficultés économique: « Partir à l’étranger n’est pas mon premier choix ». Guoda Lomonaitė, représentante au conseil des jeunes lituaniens (Lijot), explique que les étudiants se rendent souvent sur le site cv.lt/savanoryste pour répondre aux offres des ONG. Ainsi pour une récente offre de volontariat, le Lijot a reçu près de 40 CV. « Les diplômés âgés de 29 à 35 ans à la recherche d’un emploi souhaitent également faire quelque chose d’utile en attendant » précise t-elle.

Au niveau politique, l’approche gouvernementale de la crise se dessine sous la forme d’une nouvelle réforme de l’éducation. L’idée est des faire payer les frais d’inscription aux étudiants qui changent de cursus avant l’obtention de leur diplôme. Selon le directeur du centre d’informations sur les études à l’étranger, cette réforme entraînera une vraie vague d’émigration à partir de l’automne 2010. Les conséquences sont encore incertaines, mais il est  probable qu’elle rendra l’émigration professionnelle plus profitable.

Les nouveaux rituels des étudiants lituaniens

Des mesures pour faire revenir les Lituaniens ont tout de même été prises. Juozas Meldžiukas, directeur adjoint du département pour la jeunesse au Ministère de la sécurité sociale et du travail, détaille le contenu du nouveau guide destiné aux étudiants lituaniens de l’étranger pour les inciter à revenir: « L’envoi d’informations sur les opportunités d’emploi doivent les aider à s’ajuster au marché du travail local» déclare t-il. Meilleur exemple de ce retour aux sources, Arnoldas Burkoskis, vice-ministre de l’économie, a lui-même travaillé et étudié aux Pays Bas et en Allemagne. Les universités participant au programme Erasmus offrent également des prêts avec de bonnes conditions la possibilité pour les étudiants de travailler sur le campus. Mais le système peine à l’heure actuelle à se démocratiser. Jurgita Pilypaitytė, chef du bureau des affaires internationales de l’Université Vyautas Magnus, précise que la crise a également affecté le programme d’échange européen: « Il y a moins de rencontres, moins de programmes, mois d’activités organisés par les étudiants locaux ». Problématique pour un pays à la superficie réduite (65.000 km², soit dix fois moins que la France) qui compte beaucoup sur l’image qu’il véhicule hors de ses frontières.

Lituanie, le bon plan Erasmus pour les étudiants baltes

Pourtant, les étudiants qui choisissent la Lituanie comme destination Erasmus ne sont pas à plaindre. Après avoir envoyé une quantité innombrable de CV  sans réponse, Vitalijs Filipskis, étudiant Letton, a postulé pour obtenir une bourse Erasmus et, suite à l’obtention de celle-ci, a décidé de déménager en Lituanie début 2010. La somme obtenue est plus importante que n’importe quelle autre aide sociale dans le pays voisin. Il n’a donc pas à se préoccuper du coût de la vie : A Kaunas, la résidence de style soviétique dans laquelle il habite lui revient à 50 euros par mois ! Entre le boom économique des années 2000 et l’arrêt brutal dû à la crise, la Lituanie est à la croisée des chemins. Pour les jeunes lituaniens nés avec l’indépendance de la Lituanie, il y a 20 ans, cela se traduit par une question simple mais définitive : partir ou rester ?

Mais outre la Lituanie, tous les États baltes connaissent les mêmes problèmes économiques selon Vitalijs Filipskis. Lorsque je lui ai demandé quels étaient ses plans pour le futur, il a souri en affirmant : « Je suis actuellement en campagne pour obtenir un siège à la parlement letton ». Le thème de sa campagne ? « Tout pour la jeunesse ».

AUTEUR Krisztian Gal, TRADUCTEUR Sabine Ostarcevic

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